1. Monsieur le Président, l’an dernier, vous avez publié la première partie de votre
autobiographie consacrée à votre vie privée : vos origines, votre enfance, vos études, ainsi
que vos débuts dans la fonction publique, marqués par des épreuves allant jusqu’à la
prison. Vous venez tout juste de publier la deuxième partie, centrée sur votre carrière
politique. Qu’est-ce qui vous a poussé à raconter cette expérience maintenant, et
qu’espérez-vous que le public en retienne ?
Ce n'est pas une démarche nouvelle pour moi. J'ai déjà eu l'occasion, à deux reprises, de
partager avec mes compatriotes mes réflexions sur le rôle et l'importance des institutions que j'ai
eu l'honneur de diriger. Les deux versions du Guide du contribuable haïtien, publiées
respectivement en 2003 et 2014, ainsi que l'ouvrage Décentralisation et Collectivités
territoriales paru en 2006, s'inscrivent dans cette même volonté de transmission.
L'accueil réservé à ces publications par les contribuables, les étudiants en sciences économiques
et comptables, les fonctionnaires, les gestionnaires des affaires locales, et même les candidats
aux fonctions électives, a confirmé qu'ils répondaient à un besoin essentiel. Quant aux ouvrages
intitulés « Haïti mon pays : Histoire d'un destin présidentiel » et « Au Service d'Haïti : Du
Pouvoir Exécutif au Pouvoir Législatif », ils invitent le lecteur à pénétrer les arcanes de
certaines des grandes institutions de la République et à mieux comprendre les défis qui étaient
les miens au moment où j’assumais la lourde charge de leur gestion.
2. Dans de nombreux pays occidentaux, il est presque une tradition pour les anciens
dirigeants de rédiger leurs mémoires. En Haïti, cela reste rare. Est-ce dû, selon vous, à la
pudeur, au manque de tradition, à la peur de l’histoire, ou au fait que certains dirigeants
craignent le jugement de la postérité ?
Certains s'interrogent, avec une légitimité incontestable, sur la réticence des anciens dirigeants
à partager le fruit de leur expérience à la tête des affaires de la Nation avec les générations
montantes.
Exercer les fonctions de ministre, de sénateur ou de président, c'est avant tout servir la
République. À ce titre, la reddition des comptes ne saurait se limiter à une simple justification
budgétaire ou à l'obtention d'une décharge administrative. Elle doit inclure le partage
du pourquoi des décisions prises.