Cette profonde ignorance, des nouvelles attributions dudit Ministère, est à l’origine des
injustices et persécutions politiques que j’ai eu à subir au lendemain du renversement de
l’administration Aristide-Neptune.
4. À l’inverse, quel moment vous a le plus déçu ou attristé dans l’exercice du pouvoir ?
La productivité d’un parlementaire se juge à l’aune de l’assemblée qui l’accueille. La quarante-
neuvième législature, issue des élections sénatoriales et législatives de 2006 à 2010, était loin de
répondre aux attentes de la République. Son bilan, qu’il s’agisse de production législative, de
contrôle du gouvernement ou de ratification des traités internationaux, s’est révélé
profondément décevant. C’est, malheureusement, en son sein que j’ai fait mes premières armes
dans l’arène parlementaire.
Je suis arrivée au Sénat de la République avec une expérience de plus de vingt-cinq années de
service au sein de l’administration publique haïtienne. Les notions de ponctualité, de discipline
et de respect des principes institutionnels m’étaient inculquées dès mes premiers jours à la
Direction générale des impôts. Ces valeurs avaient guidé ma carrière et façonné ma vie
professionnelle.
Toutefois, l’hémicycle du Parlement m’a réservé une toute autre réalité. La simple présentation
d’une proposition de loi ou d’une résolution portant approbation d’une nomination par le grand
corps, aussi opportune fût-elle, requérait le concours, requiert une séance en assemblée
plénière. La présence d’une majorité de sénateurs est indispensable. Ce qui n’est pas toujours le
cas.
Les trois séances statutaires hebdomadaires, pourtant prévues par les règlements internes du
Sénat, étaient systématiquement reportées faute de quorum. Or, toutes les décisions essentielles
– l’adoption des lois, la ratification des ambassadeurs et Consuls généraux, l’approbation du
choix d’un nouveau Directeur Générale pour la Police nationale et des Conseils
d’administration des organismes autonomes et des entreprises publiques – doivent être prises en
assemblée plénière et à la majorité qualifiée.
Tout projet ou proposition de loi, pour devenir effectivement loi, doit être adopté, dans des
termes identiques par les deux chambres du Parlement. Ce qui n'est malheureusement pas
toujours le cas. De nombreux textes, qu'il s'agisse de projets gouvernementaux ou de
propositions parlementaires – comme certaines que j'ai moi-même initiées –, sont analysés en