peine à couvrir la masse salariale de la fonction publique et à assurer le fonctionnement minimal de l'administration centrale. Or, cette même masse salariale, qui absorbe environ 50 % des ressources internes, a crû de 100 % entre 2011 et 2016, exacerbant la pression budgétaire. Les principales mesures fiscales, introduites dans les lois de finances, se révèlent incapables de produire les résultats escomptés.

Dans ce contexte, les investissements publics indispensables au développement économique et social sont largement tributaires de l'assistance financière internationale. Celle-ci, cependant, connaît une réduction drastique, passant de 68 % en 2009-2010 à seulement 38 % en 2015- 2016. Ce double constat—l'explosion des charges de fonctionnement et l'effritement de l'aide extérieure— explique l'absence criante de véritables programmes d'investissement.

Il faut aussi reconnaitre que le faible niveau d’investissements générateurs d’emplois et de croissance, dans le pays, est pour beaucoup dans la faible capacité de l’Etat à mobiliser des ressources internes suffisantes et stables pour répondre à ses nombreux besoins. Au un autre niveau. Les multiples scandales de corruption et de dilapidation des fonds publics, impliquant les plus hautes autorités de l’Etat ne sont pas incitatives à sensibiliser les citoyens à adhérer volontairement à l’impôt.

Le Parlement, dans son rôle de contrôle et d'approbation des lois de finances, est tenu de respecter le principe d'équilibre budgétaire. Si les deux chambres sont habilitées par la Constitution à amender le projet de l'Exécutif, elles doivent impérativement prévoir les "voies et moyens" correspondants à toute modification. Cette contrainte est cruciale. Le budget arrêté pour l’exercice 2015-2016, par l'administration précédente, ne prévoyait pas de financement pour la reprise du processus électoral. Face au retrait annoncé des partenaires financiers, mon administration a dû introduire au Parlement un projet de loi de finances rectificatif, prenant en compte le financement de cette reprise.

Bien qu'essentielles à la vitalité démocratique et à l'État de droit, les élections mobilisent d'importantes ressources qui pourraient autrement être consacrées au bien-être matériel et social de la population. Lorsqu'elles deviennent, par la faute des élus, une source permanente d'instabilité politique et institutionnelle, elles provoquent frustrations, désillusions et désintérêts. Il faut croire et admettre que le faible taux de participation, observé lors des derniers scrutins tenus au pays, en est la conséquence directe et amère.

9. Vous avez servi à la fois dans le pouvoir législatif et à la tête de l’Exécutif. Quelle de ces expériences vous a le plus épanoui, et qu’avez-vous appris de chacune d’elles ?

Mon expérience personnelle à la tête d’institutions relevant du Pouvoir Exécutif, m’a permis de saisir une réalité fondamentale : exercer de telles fonctions, c’est endosser des responsabilités précises. Celles-ci sont clairement définies par des lois, inscrites dans un programme d’action, et supervisées par une autorité hiérarchique. Des résultats tangibles sont exigés et doivent être produits pour satisfaire à la fois l’autorité de nomination et les citoyens destinataires du service public. Cette culture de l’obligation de résultats a toujours guidé mon action au sein de l’Exécutif.