13. Sur la gouvernance : Beaucoup critiquent la faiblesse des institutions en Haïti. Durant votre mandat, avez-vous ressenti que les institutions vous soutenaient ou, au contraire, qu’elles freinaient votre action ?

La force et l'efficacité des institutions publiques haïtiennes sont intimement liées aux conditions de nomination de ceux qui sont placés à leur tête. Lorsque les processus constitutionnels encadrant leur recrutement ne sont pas respectés, leur indépendance et leur autonomie s'en trouvent compromises. L'exécutif se donne alors une opportunité idéale de vassaliser leurs principaux responsables et d'interférer dans leur gestion.

Pour illustrer ce propos, je prends le cas du commandement en chef de la Police Nationale d'Haïti. Rien que sur la période de 2019 à 2025, pas moins de cinq officiers supérieurs se sont succédé à ce poste. Ils se retrouvent tous à gérer l'institution dans un contexte d'incertitude et de vulnérabilité extrême pour leur propre carrière, voire pour leur avenir. Si les dispositions constitutionnelles avaient été scrupuleusement suivies, ils n'auraient pas dû être plus de deux, garantissant une stabilité essentielle à l'efficacité de la police.

Pour ma part, durant ma courte présidence, la philosophie a été radicalement différente. Je n'ai eu ni à me plaindre de leur collaboration, ni à tenter d'interférer dans leur fonctionnement. Qu'il s'agisse de la Banque de la République d'Haïti, du Conseil Électoral Provisoire, de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, de l'Unité de Lutte contre la Corruption ou de l'Unité Centrale de Renseignement Financier, pour ne citer que celles-là, ces institutions ont joui d'une liberté et d'une latitude totale pour agir et accomplir leur mission en toute autonomie et indépendance.

14. Sur les relations internationales : Haïti a toujours eu des rapports complexes avec la communauté internationale. Quelles leçons tirez-vous de votre propre expérience avec nos partenaires étrangers ?

Je crois avoir déjà apporté quelques éléments de réponse à cette question, en évoquant mes relations avec certains partenaires internationaux, lorsque les débats sur la création de la Commission Indépendante d'Évaluation et de Vérification Électorale (CIEVE), avaient commencé a été être agités.

En toute honnêteté, je peux confirmer que leur position, en apparence, était respectueuse de notre autonomie : « Haïti est un pays souverain ; c'est à vous de décider ce qui est convenable