pour atteindre vos objectifs », affirmaient-ils. Pourtant, la réalité des faits révélait parfois un
autre discours. Je souhaite partager avec vous deux anecdotes qui illustrent parfaitement cet
écart.
J’ai reçu en audience, en mon bureau, les Ambassadeurs des pays membres de l’Union
européenne, réunis autour de cette même question. Après une introduction des plus
diplomatiques par le doyen de la délégation, l’un d’entre eux a pris la parole pour un long
développement d’une quinzaine de minutes, concluant par une interrogation directe : «
Monsieur le Président, est-il exact que vous envisagez la création d’une commission de
vérification des élections ? »
Ma réponse fut sans équivoque : « Oui, Monsieur l'Ambassadeur. Je considère cette démarche
comme indispensable pour restaurer la crédibilité et la transparence du processus électoral. »
La réplique fut immédiate et tranchante : « Dans ce cas, vous ne pourrez compter sur notre
contribution financière. »
Je rétorquai avec calme et détermination: « Je vous remercie de votre franchise. Permettez-moi
de rappeler que le financement des élections relève avant tout de la responsabilité souveraine de
la nation et de ses citoyens. Je m'engage donc à mobiliser par nos propres moyens les ressources
nécessaires à leur tenue. »
Cet épisode me fait rappeler un échange rapporté par le Ministre des Affaires étrangères, lors
d’une rencontre avec l’Ambassadeur d’une grande puissance régionale. Son gouvernement se
disait prêt à apporter un soutien financier au processus, sous réserve d’une demande formelle de
notre part. Déjà face aux réticences de certains de nos partenaires, nous avions pris
l’engagement d’assumer pleinement nos responsabilités. « Si ce pays souhaite, spontanément,
contribuer, nous l’en remercions, mais nous ne formulerons aucune requête. » Telle fut ma
directive. La dignité d’un peuple n'a pas de prix.
Ces expériences confortent ma conviction qu'il est urgent de considérer les autres nations, quels
que soient leur poids économique ou leurs niveaux de développement, non comme les décideurs
ou façonneurs de notre avenir, mais comme des partenaires sur un pied d'égalité. C'est cette
posture de respect mutuel et de dignité retrouvée que j'ai adoptée et que je m'efforce de
maintenir dans mes relations avec les missions diplomatiques accréditées auprès de l’Etat de
notre pays.
15. Sur l’avenir : Si vous aviez aujourd’hui la possibilité de conseiller la nouvelle
génération de dirigeants, quelle serait votre première recommandation ?
Tout patriote épris de l'avenir de la nation ne peut rester indifférent à la tournure profondément
alarmante des événements qui secouent notre pays. Une crise politique paralysante, qui persiste
depuis cinq longues années, corrode les fondements mêmes de la République et hypothèque
l'avenir de nos enfants. Il est impératif que les tenants actuels du pouvoir fassent preuve d'une