Les différentes administrations, qui se sont succédé, depuis l’adoption de cette nouvelle constitution jusqu’à la publication de la version amendée,
n’ont pas, en effet, accordé toute l’attention nécessaire à la mise en place de toutes les institutions indépendantes, indispensables à
l’implémentation et à la consolidation de la démocratie en Haïti. Le système de gouvernance instauré par la constitution de 1987 est
particulièrement handicapé par l’absence du Conseil électoral permanent (CEP). Cette institution est une clé de voute fondamentale au
renouvellement périodique du personnel politique et à la stabilité organisationnelle et institutionnelle. En ce sens, la réalisation
régulière des compétitions électorales, selon les échéanciers fixés par la constitution, est plus qu’une gageure et en pâtit lourdement
de l’absence de cette structure.
Le recours à des accords politiques, entre les tenants du pouvoir et les forces politiques, pour combler
ce vide institutionnel par la formation des conseils électoraux provisoires chargés d’organiser des élections
plus ou moins acceptables, est presque devenu la norme.
Ainsi, à la fin du mandat de l’ancien Président Michel Joseph Martelly le 7 février 2016, les seules élections
organisées par son Administration, n’ont pas pu aboutir à des résultats définitifs. L’imminence d’un vide
institutionnel au niveau du Pouvoir exécutif s’est précisée. Les préoccupations de la grande majorité de la
population étaient des plus inquiétantes avec la polarisation politique, les violences des rues et bien
évidemment avec leurs graves conséquences sur le plan politique, économique, social et culturel et de la vie communautaire.
Face au spectre du chaos et de l’anarchie qui menaçait les fondements même de la République, les représentants des pouvoirs
exécutifs et législatifs se sont engagés, dans la recherche d’une solution constitutionnelle et institutionnelle à
cette énième crise politique multiforme. Ainsi a été conclu et signé, avec la médiation, entre autres, d’une délégation
de l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Accord du 5 février 2016.
La transition politique, issue de cet accord, a permis de rétablir la paix dans les rues, redonner l’espoir à
la population, restaurer la confiance entre les acteurs politiques et créer les conditions objectives pour la
relance du processus électoral entamé au cours de l’année 2015.
Les résultats proclamés ont été favorables à Monsieur Jovenel Moise. Après les formalités de prestation de
serment par devant l’Assemblée nationale réunie pour la circonstance, le nouveau Président élu a reçu des
mains du Président de ladite assemblée l’écharpe présidentielle consacrant son statut de nouveau Président
de la République. Dans le courant de cette même journée du 7 février 2017, le Président a été, par la suite,
investi et installé dans ses fonctions au Palais national conformément à la constitution de 1987.