n’a fait montre d’aucune volonté de mettre en place le Conseil électoral
permanent et le Conseil constitutionnel. Le nouveau décret régissant le
fonctionnement de la Cour supérieure des comptes et du contentieux
administratif (CSCCA) démontre assez clairement l’inconfort du président
Moise par rapport aux institutions indépendantes.
Retour à l’instabilité politique.
L’opposition politique réelle au Président Jovenel Moise était limitée par
l’action au parlement et les verves virulentes dans les medias de quatre
sénateurs et de moins d’une vingtaine de députés. Ces derniers n’avaient
aucune capacité à mobiliser le peuple pour des manifestations de rues et
encore moins influencer, par leur vote, les décisions voulues ou décidées
par l’équipe au pouvoir. Leurs récriminations et dénonciations, contre les
agissements anti-démocratiques du Président, ne pouvaient en rien
ébranler la confiance des supporteurs nationaux et internationaux de
Monsieur Moise. Nonobstant leurs origines et affiliations politiques
différentes, ils paraissaient aux yeux du pouvoir, de l’opposition
traditionnelle et même de la communauté internationale, comme des
opposants radicaux d’obédience lavalas.
L’administration du Président Moise, de son installation le 7 février 2017
jusqu’au début du mois de juillet 2018, a bénéficié d’une assez longue
période de tranquillité et n’a eu véritablement à faire face à aucune crise
sérieuse. Cette lune de miel d’environ dix-huit (18) mois l’a gonflée
d’orgueil. Le premier mandataire de la nation s’est cru avoir le contrôle de
la situation et que sa légitimité populaire, somme toute apparente, était
intacte et incontestable.
Origines de cette crise.
L’État haïtien, depuis plusieurs années, s’était vu dans la pénible obligation
de renoncer au besoin d’ajustement des prix à la pompe des produits
pétroliers, tenant compte de son fort impact sur le coût de la vie. Cette
prudence politique n’était pas, non plus, sans conséquence pour le Trésor
public. Les manques à gagner, d’année en année, atteignant des
niveaux jugés insupportables, la nécessité de cet ajustement ne fit l’objet
d’aucun doute et elle a été envisagée par plusieurs administrations.
Cependant, certains acteurs politiques, par pur populisme ou mieux
encore pour flatter les bas instincts d’une clientèle électorale, ont toujours
manifesté une opposition publique et hostile à toute démarche tendant à
arrêter cette hémorragie financière.
Au mois d’août 2016, le gouvernement de transition avait adopté une
résolution visant à réduire de dix (10) gourdes la subvention accordée sur