L’allégement introduit par l’amendement de 2011, quant aux modalités de recrutement des membres du Conseil Electoral permanent, n’a pas facilité, pour autant, sa mise en place de façon irréversible. Certains acteurs politiques et de la société civile, habités par la tentation d’influencer voire de manipuler les décisions du Conseil électoral, affichent un fort penchant pour les conseils provisoires. L’influence ou l’emprise qu’ils peuvent exercer sur une majorité de membres dudit organisme, leur confère la latitude de favoriser ou d’orienter les résultats des élections en faveur des candidats de leur choix. Les velléités de certaines administrations de constituer, selon leur bon vouloir, des Conseils électoraux provisoires voire d’inventer des conseils transitoires de gestion du Conseil Electoral Permanent (CTG-CEP) traduisent, assez éloquemment, cette démarche. L’interférence des autorités politiques dans la cuisine électorale est la principale source des différentes crises qu’a connues le pays au cours des trente (30) dernières années. Le Conseil électoral provisoire, alternative au conseil électoral permanent L’organisation des toutes premières élections, sous l’égide de cette nouvelle constitution de 1987, juste après sa promulgation et publication, a été confiée à un conseil électoral provisoire prévu dans ses dispositions transitoires. Le tout premier et seul conseil électoral provisoire constitutionnel fut celui chargé d’organiser les élections générales du 28 novembre 1987. Les différentes administrations, qui se sont succédé au cours des trente-trois années d’existence de la loi-mère, n’ont entrepris aucune action significative pour la mise en place -de façon irréversible et dans les formes prévues du Conseil électoral permanent. Le recours à des conseils électoraux provisoires par consensus politique, entre le pouvoir exécutif, les partis politiques de l’opposition et les acteurs de la société civile, a toujours été utilisé pour combler ce vide. Les élections de 2015, les premières tenues, sous l’égide de la constitution amendée, ont été, une nouvelle fois encore, confiées à un conseil électoral provisoire. Ce dernier, issu d’un accord politique entre le Président Martelly et certains partis politiques qui lui étaient réputés proches, a été, tout simplement, reformaté pour la relance en novembre 2016 des mêmes joutes électorales. Ainsi, les douze compétitions électorales, organisées pendant les trente-quatre (34) ans d’existence de la constitution (1987,1988, 1990, 1993, 1995, 1997, 2000, 2006, 2009, 2010, 2015 et 2016), se sont toutes tenues à travers des conseils provisoires issus des accords de sortie de crise. L’administration du Président Moise, disposant d’une majorité assez confortable dans les deux chambres et pouvant aussi compter sur le contrôle qu’il exerçait sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ)