Il importe de noter aussi le ralentissement notable du rythme de dépréciation de la gourde. D’une cadence annuelle de l’ordre de 40% durant la première moitié de l’exercice fiscal 2015-16, il est tombé à environ 13% depuis la fin du mois de mars dernier. Paradoxalement, il n’est pas sans intérêt de mentionner les retombées positives de la dépréciation de la gourde, lesquelles, jointes aux incitations mises en place par la BRH au cours de l’année, ont eu la vertu de stimuler la compétitivité future des industries marchandes (exportation, agriculture et tourisme). En atteste la forte demande d’espaces industriels voués à l’exportation textile et les perspectives notables de création d’emploi de cette industrie au cours des 24 prochains mois (près de 40 000 d’après les données de la SONAPI et de l’Association des Industries d’Haïti). Je félicite particulièrement l’équipe économique que j’ai eu le bonheur de mettre en place en collaboration avec le Premier Ministre, Enex Jean-Charles, ainsi que les autres membres du Gouvernement, qui ont su diagnostiquer l’état morbide des finances publiques à notre arrivée en février dernier et comprendre la nécessité de la parcimonie et de l’austérité dont nous avons fait preuve tout au long de l’année 2016. L’OURAGAN MATTHEW ET LA SITUATION SANITAIRE Haïti a été frappée cette année par l’une des catastrophes naturelles les plus désastreuses depuis le séisme du 12 janvier 2010 ! L’ouragan Matthew a promené une fureur dévastatrice sur 5 départements géographiques : la Grand’Anse, le Sud, le Sud-Est, les Nippes et le Nord-Ouest. Il y a laissé des plaies profondes et des stigmates encore béants. Les dommages et pertes sont évalués, selon un rapport de la Banque Mondiale avec la participation des instances gouvernementales haïtiennes, à 1.9 milliards de dollars ! Au-delà de la destruction de l’habitat et des infrastructures routières, de nos écoles et de nos récoltes, l’ouragan a saccagé notre environnement, notre flore et notre faune. L’ensemble des conséquences néfastes de la catastrophe n’est guère totalement pris en compte, notamment la menace d’insécurité alimentaire qui guette les populations du grand Sud. Il convient de souligner que le passage de cet ouragan destructeur a généré un exemplaire élan de solidarité humaine. Je saisis encore une fois cette occasion pour remercier l’ensemble des gouvernements, institutions et pays amis qui ont accompagné le peuple haïtien dans ces moments d'épreuve et de désolation. Je profite aussi pour rappeler que Matthew est toujours présent ! Les populations des zones affectées sont toujours en situation de détresse économique, de désarroi écologique et de grande précarité sociale. LA RÉPONSE DU GOUVERNEMENT Du côté du gouvernement, nous avons conçu une réponse à deux volets. Le premier adresse l’urgence humanitaire. Le second couvre le redressement et la relève économique. Si au niveau de la réponse humanitaire nous avons reçu une part importante de l’aide d’urgence, nous n’avons pas pour l’instant bénéficié du soutien nécessaire pour les activités structurantes et durables de la relève économique. Or, il est impératif d’agir sur ce volet pour réduire la vulnérabilité ambiante et augmenter la résilience des populations. Par ailleurs, au-delà des actions ponctuelles envisagées ou improvisées, nous nous sommes rendus à l’évidence que nous n’avons pas œuvré suffisamment dans le sens de la sensibilisation et de la prévention. C’est ainsi qu’avec le Premier ministre Enex Jean-Charles, nous avons décidé de faire du 12 janvier – date funeste dans les annales des catastrophes naturelles en Haïti –une journée nationale de réflexion et de sensibilisation sur les risques et vulnérabilités d’Haïti face aux catastrophes naturelles ! Cette année, le 12 janvier ne servira pas seulement à honorer la mémoire des victimes du séisme de 2010 ! Elle va marquer, à travers divers évènements, célébrations œcuméniques et culturelles, une prise de conscience ainsi que la prise en charge de notre responsabilité de dirigeants face aux futures générations, par rapport aux menaces cycliques que font peser sur nous les catastrophes naturelles.