J’ai pendant des années servi mon pays avec loyauté, dévouement et patriotisme. Je n’ai eu à commettre aucun crime dans l’exercice des différentes fonctions que j’ai eu le privilège d’assumer. Pourtant, pour des raisons inavouées et inavouables, j’ai passé plus de deux longues années de ma vie en prison pour des faits dont leur existence même m’est inconnue. Victime de persécutions politiques, j’ai connu des déboires inutiles et injustifiés ou même ma vie était en danger. Toutes les conditions étaient donc réunies pour faire germer dans mon cœur des sentiments légitimes de haine, d’aigreur, voire de vengeance contre mes accusateurs et pourfendeurs. Ces compatriotes, avec qui j’entretenais d’excellentes relations de collaboration et d’amitiés, ont voulu, à travers ces accusations mensongères et injustes, salir mon nom, mon image et ma réputation. A ma sortie de prison, en juin 2006, suite a cette ordonnance opportune et courageuse, prise ici même dans cette ville des Gonaïves, par un collège de juge présidé par le très regretté et intègre juge Me Hugues St Pierre, dont je salue la mémoire. J’ai alors vite compris que, pour l’amour de mon pays et le bien être de mes concitoyens, objet de tous mes combats, je devrais pratiquer le culte du pardon et m’asseoir avec tout le monde, même avec mes anciens geôliers. Comme Joseph a ses frères, j’ai dit a l’intention de mes thuriféraires « vous avez médité dans votre cœur de me faire du mal, Dieu l’a changé en bien ». C’est justement ce séjour en prison qui m’a, dans un premier temps, ouvert les portes du Sénat de la République et plus tard celle de la Présidence. Mes Chers compatriotes, Le contact avec mes futurs mandants et l’immensité des problèmes à résoudre, m’ont vite convaincu que seule l’union de toutes les forces vives de la Nation permettrait d’apporter des solutions durables aux maux qui affectent notre pays et notre peuple. Nos Ancêtres l’avaient bien comprise et l’ont mis à profit pour concrétiser leur rêve d’indépendance. Aujourd’hui encore nous sommes, une nouvelle fois, condamnés à nous unir pour prendre, en main, le destin de notre pays. Cependant, il n’y a pas d’unité sans la confiance. Et pour qu’il y ait confiance il faut se connaitre et c’est par le dialogue et le pardon que nous devons commencer. Je sais qu’il est difficile de pardonner, mais nous devons nous rappeler que sans le pardon, il n’y aurait pas eu de Congrès fondateur de l’Arcahaie conduisant à la proclamation de l’Indépendance aux Gonaïves. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation délicate, et probablement nos Pères, du haut de leur Olympe, nous regardent avec des yeux éjectés de reproches et de remontrances : car, des soldats étrangers se trouvent sur notre territoire à cause de nos conflits interminables. Quel que soit le niveau d’opportunité ou de nécessité de cette présence, le bilan de nos inconséquences laisse un gout amer dans la bouche de tout vrai patriote. A cet égard, la célébration de ce jour de l’indépendance ne revêtirait aucun sens, si elle n’inspirait un serment de réinsertion sur la vision des Ancêtres, si elle ne comportait un engagement réel et sincère de tous les camps de s’unir pour faire gagner Haïti! La solidarité qui a entouré l’Exécutif, que je dirige, à l’occasion de notre décision d’assumer entièrement le financement de nos élections apporte la preuve irrécusable que chaque Haïtien, chaque Haïtienne sait oublier ses dissensions politiques pour promouvoir et supporter toutes mesures prises pour la sauvegarde de notre dignité et de notre souveraineté. Je vous annonce d’ailleurs que mon administration et le gouvernement du Premier ministre Enex Jean-Charles laisseront en héritage aux générations futures la création d’un « Fonds de financement électoral », afin de leur épargner l’humiliation sporadique de solliciter des fonds pour élire nos représentants et nos dirigeants. Concitoyens, concitoyennes, A la veille de remettre le pouvoir à un président élu, mes inquiétudes sur l’avenir du pays sont grandes. Mais je sais que sortir du tunnel de la pauvreté et de l’instabilité est à la portée de citoyens et de citoyennes qui cultivent au plus haut degré l’amour de la patrie commune et immortelle. Pendant mon court mandat, j’ai eu le privilège de rencontrer tous les anciens présidents de la République ; j’ai également pu converser avec beaucoup de candidats à la présidence. J’ai, d’autre part, maintenu un dialogue permanent avec la société civile et les partenaires sociaux. J’exhorte ceux qui auront demain à mener la barque nationale à continuer ce dialogue, qui reste et demeure la clé de l’apaisement social désiré par tous, ainsi que le moteur du développement économique attendu par chaque Haïtien et chaque Haïtienne. Peuple haïtien, Amis de la communauté internationale, Puisque la commémoration de l’anniversaire de l’indépendance de notre pays coïncide avec la célébration du nouvel an, je souscris avec le plus grand plaisir à la tradition de formuler des souhaits avec cette spontanéité de sincérité et de vérité qui ont toujours caractérisé mes rapports avec autrui. A vous tous, Haïtiens d’ici et d’outre-mer, Diplomates et Consuls accrédités au pays, étrangers qui ont élu domicile ou décidé de passer les fêtes dans l’enchantement du paysage haïtien, je vous adresse un cordial salut. Que les vœux les plus chers de chacun d’entre vous se réalisent au cours de cette nouvelle année 2017 ! Que Dieu nous protège tous ! Que Dieu protège Haïti. Je vous remercie