Le premier, commun à la plupart des cultures de l’Occident chrétien, carillonne l’avènement de l’An Nouveau, porteur de nos espoirs, de nos ambitions, des promesses comme de nos appréhensions de l’avenir. Le second nous est propre ; elle célèbre la naissance de la Nation haïtienne, la déclaration de notre indépendance en tant que peuple. Je noterai également que depuis 50 ans, les Nations Unies ont ajouté une dimension extraordinaire à cette date déclarée depuis 1967 Journée Mondiale de la Paix. Et cette année, la Pape François a signé, depuis le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception considérée par le monde catholique comme la Reine de la Paix, son Message dédié à la non-violence, en conviant toutes les nations de la planète « à construire un monde libéré de la violence, premier pas vers la justice et la paix ». Si donc le Premier-Janvier, dans le calendrier solaire, julien et grégorien, ouvre le livre des saisons et des jours que la main de Dieu tourne, page après page, pour orienter le destin de l’humanité, au seuil du XIXe siècle, survenait le miracle haïtien: des hordes de va-nu-pieds coupaient de leur sabre indigène le fil de l’histoire colonialiste et esclavagiste et inscrivaient le Premier janvier au frontispice d’un nouvel ordre mondial de liberté, d’égalité e de fraternité pour tous les êtres humains. Et il ne me paraît pas sans intérêt de noter ici que cette place que nous revendiquons dans la construction du monde moderne trouve une illustration dans une courte phrase du message de félicitation adressé au peuple haïtien par le Président Barack Obama : « Haïti, écrit-il, a une place historique dans le combat partagé pour l’indépendance de l’Hémisphère occidental ». Mes chers Compatriotes, Au cœur de cette place brûlée de soleil et de ferveur, chaque Haïtien, chaque Haïtienne devrait ressentir le souffle puissant des Pères fondateurs qui proclamèrent ici même et signèrent à l’encre de leur sang versé l’Acte de l’Indépendance nationale pour que nous, leurs héritiers, puissions vivre dignes, libres et souverains. En dépit des accidents de notre histoire qui nous valurent des humiliations inexpiables, la date du Premier-Janvier se charge pour nous d’une densité particulière d’émotions et de sentiments. A travers les aspérités du chemin parcouru, que ce soit sur les sentiers des saisons et des jours de l’année qui s’en va, que ce soit sur les grandes avenues tracées sous nos pas, des fois chancelants, par les sublimes ambitions et visions de nos Aïeux, le Premier-Janvier nous retrouve chaque année à ce pèlerinage du cœur et de l’esprit, au temple authentique des Gonaïves, le pôle de toutes les convergences patriotiques où nos Ancêtres, pour des raisons évidentes, ont choisi de poser la première pierre de l’Edifice national. Cela ne servirait à rien de vous rappeler, en cette circonstance de communion nationale, les prouesses de nos Ancêtres, sans exalter les sacrifices qu’ils ont consentis pour nous libérer du joug infernal de l’esclavage. Retenons surtout la leçon qu’ils nous lèguent et dont nous devons nous inspirer chaque jour pour renouer avec le fil de notre existence de peuple marqué par le destin. Sans le pardon mutuel et l’Unité des Noirs et des Mulâtres, la proclamation de l’Indépendance d’Haïti eût été un rêve impossible, un projet improbable, condamné au sort désastreux de la flambée révolutionnaire menée par Spartacus dans l’antiquité romaine. Mes Cher Compatriotes, Depuis 213 ans, notre pays est confronté à un ensemble de défis et de contraintes qui ne devraient point effrayer les descendants des titans de 1804. Nous sommes toujours incapables de nourrir notre population, d’éduquer nos enfants, d’assurer des soins de santé à nos compatriotes ou de construire les infrastructures nécessaires au développement économique de notre pays. La liste serait trop longue et la journée trop courte pour une déclinaison exhaustive de nos besoins. Nous avons déjà essayé une large panoplie des formes de gouvernement, et pourtant nous avons dégringolé, au fil des décennies, du statut de« perle des Antilles » à l’étiquette honteuse de « pays le plus pauvre des Amériques ». Konpatriyòt mwen yo,