Je rappelle en outre que cet accord avait aussi prévu qu’en cas d’impossibilité matérielle de réaliser cette mission dans les Cent vingt jours calendaires fixés, il revenait a l’Assemblée Nationale de prendre les dispositions qui s’imposaient. Le 14 juin 2016 marquant ces 120 jours, en lieu et place du chaos et de l’anarchie que l’incertitude et le vide institutionnel étaient porteurs, j’ai fait le choix d’œuvrer pour la stabilité. VIOLENCE ET INSÉCURITÉ Monsieur le Doyen du Corps diplomatique, vous avez évoqué en 2è lieu dans votre intervention la situation de l’insécurité dans le pays. Je vous rejoins pour déplorer l’existence de trop nombreuses victimes dues à des forfaits d’individus armés et de groupes de malfaiteurs. Grâce au travail de la Police nationale et de leurs partenaires, de multiples opérations de maintien de l’ordre ont permis de limiter les dégâts, de traquer et de mettre hors d’état de nuire certains bandits. Et le travail continue… Ceci dit, au nom de la vérité et des statistiques comparées, je voudrais dire que Haïti est de loin l’un des pays les plus sûrs de la région. Le taux d’homicides par centaines d’habitants est en deçà des chiffres constatés dans presque tous les pays de la région Caraïbes – Amérique Centrale. Sans vouloir nous décerner un satisfecit et tout en restant vigilant, il convient de rétablir cette vérité. Et l’un des services que vous pouvez rendre à Haïti, c’est de le dire et de le refléter dans vos rapports. Notre Police Nationale, encore sous équipée et au personnel réduit, accomplit un travail remarquable. Notre population, somme toute, face aux multiples tensions qui le caractérisent, fait preuve de grandes qualités morales et de retenue. Je tiens cependant à souligner ma haute préoccupation devant les assassinats répétés d’agents des forces de Police. Le vol de leurs armes est certes une motivation mais est-elle la seule ? J’ai en tous cas demandé au CSPN d’être particulièrement attentif à cette question. L’INFLATION ET LA CHUTE DE LA GOURDE A l’arrivée de cette nouvelle équipe gouvernementale, la situation financière du pays n’était pas des plus rassurantes et étaient caractérisées par des faibles performances macroéconomiques et une gestion des finances publiques plutôt désastreuse. Elle peut se résumer sous le prisme des principaux éléments suivants : La monnaie nationale (la gourde) en mars 2016 avait déjà franchi la barre de 64,5 gourdes pour un dollar américain et s’explique par la faible capacité de production d’une économie basée exclusivement sur des produits d’importation. Le pays s’écroulait sous le poids d’énormes dettes envers le PDVSA pour non paiement de la facture pétrolière de juillet 2015 à janvier 2016. Les dettes envers divers autres fournisseurs de l’Etat pour des projets, des services rendus, des biens achetés, des salaires impayés s’amoncelaient dans tous les Ministères et institutions publics. Le pays était sous la menace d’une grave crise alimentaire consécutive à l’échec de la campagne d’hiver qui n’avait pas bénéficié de toute l’attention du Gouvernement précédant englué dans la crise postélectorale. En dépit de l’évidence de cette catastrophe humanitaire menaçant plus de trois millions de nos compatriotes, nos principaux partenaires financiers ont choisi de geler toute assistance financière directe au Gouvernement. Le Gouvernement pour faire face à cette situation, maintenir la paix des rues et assurer la stabilité politique dans ce contexte de pénurie financière a du faire beaucoup de sacrifice. Parmi ces mesures retenons : L’instauration d’un système de cash management entre le ministère des Finances et la Banque Centrale