Le Président Moise, a lui-même choisi les secteurs ou organisations devant designer des représentants audit Conseil. Tout compte fait, ce nouveau conseil électoral provisoire, dénoncé par tous les secteurs de la société, souffre d’un flagrant déficit de légalité et de légitimité. L’arrêté présidentiel portant sa formation lui confie, en outre, la charge de l’organisation d’un referendum constitutionnel. Aucun texte de loi, aucune disposition constitutionnelle n’a prévu ce cas de figure. Il n’a jamais été dans les attributions du Conseil électoral d’organiser un quelconque referendum, d’autant que cette forme de consultation populaire est formellement interdite par la constitution2 Cette monstrueuse décision de Monsieur Moise s’inscrit dans la droite ligne de ses actions visant la mise à sac des principales institutions démocratiques du pays. Elle est imposée en plein cœur d’une situation sociopolitique des plus délétères et caractérisée par des violations systématiques des libertés et des droits fondamentaux du peuple. Il poursuit son effort dans le mal méconnaissant et la culture en la matière et plus encore l’Histoire et les causes de nos malheurs. Que l’on se rappelle le stratagème de M. François Duvalier pour changer la constitution en vue de s’installer définitivement à la tête de l’État et ceci, par voie référendaire mais, à la vérité, par la corruption du système politique et le leurre démocratique. Par rapport à ces faits, certains questionnements deviennent plus que légitimes. Comment convaincre des candidats se réclamant de l’opposition au gouvernement de participer à des élections quand tous les signaux reçus du pouvoir indiquent qu’elles ne seraient ni crédibles, ni transparentes et ni équitables ? La priorité est pour les élections législatives. Par contre, le comportement affiché par nombre de parlementaires, au cours des dernières années, n’encourage pas une participation suffisante de la population aux compétitions électorales. Une aversion grandissante semble, de plus en plus, se développer contre les élus du parlement. En effet, le parlement haïtien, pour nombre d’acteurs politiques et de secteurs de la société civile et dans le cadre des élections annoncées, risque de se transformer en repères de bandits, d’affairistes et de criminels de tous bords. Les scandales de versement de fortes sommes d’argent, sous forme de pots-de-vin, à des parlementaires en échange de leur vote et l’association malsaine des noms de certains d’entre eux dans des activités criminelles (enlèvement, trafics illicites de stupéfiants), ont fini par ruiner le peu de confiance de la population vis-à-vis de cette institution. Il faut aussi admettre que de législature en législature, le Parlement s’était totalement discrédité et son opportunité questionnée. En effet, le pouvoir législatif, dans son fonctionnement actuel, est loin d’être ce contre- pouvoir que la population s’était donné pour contrer la toute-puissance du pouvoir exécutif. Donc, cette détérioration de l’image du Parlement et des parlementaires, au cours des dernières années, invite à la réflexion.