1. Il y a quatre ans, des tueurs à gages ont assassiné le président
Jovenel Moïse. Justice a-t-elle été rendue ?
Cela fait plus de quatre ans que le président haïtien, Jovenel Moïse, a été
lâchement assassiné à son domicile. Depuis cette tragédie, l'enquête judiciaire
ouverte en Haïti a connu une succession de magistrats sans parvenir, à ce jour,
à identifier les véritables auteurs et commanditaires du crime.
Alors que la justice haïtienne s’enlise dans une perpétuelle instruction, celle
conduite par les autorités judiciaires des États-Unis, progresse avec célérité.
Plusieurs personnes impliquées ont déjà été jugées et condamnées, ou
attendent leur procès. Ce contraste souligne amèrement les défaillances
structurelles de notre institution judiciaire. Ainsi, la nation se voit priver de
l’accès à la vérité et à une justice digne de ce nom. L’impunité persiste, et avec
elle, une blessure ouverte dans la conscience collective.
2. Qu’a-t-il manqué dans l’enquête sur cet incident pour regagner la
confiance non seulement au niveau national, mais aussi au sein de la
communauté internationale ?
Franchement, personne ne peut raisonnablement justifier une telle anomalie.
L’ordonnance de clôture rendue par le magistrat instructeur, en charge de l’enquête
autour de cet assassinat, a formellement identifié plusieurs inculpés, renvoyés devant
une juridiction criminelle. Pourtant, malgré la gravité des faits qui leur sont reprochés,
tous ont clamé leur innocence et ont immédiatement interjeté appel.
La procédure a donc été relancée, notamment par l’audition des personnes détenues,
ainsi que celles encore en liberté mais citées dans l’enquête. Ce qui est particulièrement
préoccupant, c’est que certains inculpés — parmi les plus influents — se sont réfugiés à
l’étranger et refusent catégoriquement de répondre aux convocations de la justice. Les
mandats émis à leur encontre sont, jusqu’à présent, restés sans effet.
Ce dysfonctionnement illustre, une fois de plus, l’impact de cette longue crise politique
sur les fondements mêmes de l’État haïtien. Le pouvoir judiciaire, à l’instar de
l’exécutif et du législatif, en subit les conséquences directes. Son incapacité à garantir
une justice équitable et accessible, à tous, renforce le sentiment d’impunité et contribue
au dysfonctionnement des institutions, garantes de la démocratie et de l’Etat de droit.
Il ne faut pas oublier que le président Jovenel Moïse, lui-même, avait reconnu
publiquement, depuis l’étranger, avoir été contraint de nommer une cinquantaine de