juges corrompus. Cette déclaration, aussi grave que symbolique, a profondément entaché la crédibilité du système judiciaire. Aujourd’hui, il est urgent — je dirais même vital — d’engager une réforme en profondeur du système judiciaire. Non seulement pour restaurer la confiance des citoyens, mais aussi pour redonner au pays une image de sérieux et de crédibilité au niveau international. Sans justice, il ne peut y avoir ni paix durable, ni démocratie réelle.

3. Quels sont les problèmes qui ont conduit le premier peuple libre d’Amérique, (Haïti), à tomber dans le trou dans lequel il se trouve aujourd’hui ?

Répondre à cette question soulevée dès 1882 par Edmond Paul, dans les causes de non malheurs, n’est pas aisé, tant les problèmes d’Haïti sont profonds et multiformes. L’ancienne colonie française, après avoir conquis son indépendance au prix du sang, a dû affronter l’hostilité des puissances esclavagistes. En 1825, elle fut contrainte de payer une rançon exorbitante pour la reconnaissance de sa liberté, s’endettant lourdement auprès des banques des anciens colons. Cette double dette, conjuguée aux divisions internes entre anciens libres et nouveaux libres, a durablement hypothéqué les efforts de construction nationale.

À l’époque contemporaine, quarante ans après la fin de la dictature des Duvalier, les promesses de la Constitution de 1987 demeurent inachevées. Les droits, le pluralisme et l’alternance démocratique voulus par le peuple n’ont jamais constitué les priorités des acteurs politiques, trop souvent réfractaires aux exigences d’un régime démocratique. Depuis 1990, l’instabilité institutionnelle — marquée par des administrations provisoires répétées et des dysfonctionnements répétés Pouvoir Législatif — a plongé le pays dans une spirale d’incertitudes et de flou juridique.

À ces fragilités politiques s’ajoutent les graves crises économiques, sociales, humanitaires et environnementales aggravées par les catastrophes inévitables de 2010, 2016 et 2021, dont les séquelles dépassent, largement, les capacités nationales. Ces défis appellent des efforts conjoints, nationaux et internationaux, pour espérer amorcer un véritable redressement.

4. De quoi Haïti a-t-il besoin pour avancer comme les autres pays démocratiques du continent pour être un État démocratique fort ?

Voilà déjà six longues années que le pays est privé de Parlement. Les collectivités territoriales sont dirigées par des agents exécutifs intérimaires, dépourvus de toute légitimité électorale. Depuis bientôt cinq ans, le pouvoir exécutif, dans ses deux branches, est également exercé par des dirigeants illégitimes. Entre 2010 et 2025, Haïti n’a organisé qu’une seule élection – celle de 2015-2016 – et, depuis quatre ans, il n’existe plus aucun élu dans le pays. C’est là l’effondrement total de nos institutions républicaines.

La transition ouverte par l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, est devenue la plus longue jamais enregistrée sous l’empire de la Constitution de 1987. Or, .