L’arrêté présidentiel, de circonstance, a été publié au journal officiel de la République le
Moniteur le 26 décembre 2014.
Le nouveau Premier ministre a été immédiatement investi dans ses fonctions par
le président de la République. L’équipe gouvernementale qu’il a formée, la troisième de
l’ère Martelly, a été installée dans ses fonctions le 19 janvier 2015. La décision du
président Martelly de nommer et de donner l’investiture à un nouveau gouvernement, sans
la ratification du choix du Premier ministre et de sa déclaration de politique générale, est
contraire aux dispositions de l’article 158 de la Constitution. Or cette étape sert de
préalable à la publication de l’arrêté présidentiel nommant le Premier ministre et les
membres de son cabinet ministériel. Le respect scrupuleux de cette procédure participe du
principe de la séparation des pouvoirs, des exigences de la démocratie républicaine et de
l’État de droit.
Sous l’empire de la Constitution de 1987, Evans Paul est devenu le tout premier
Premier ministre à avoir été nommé et installé dans ses fonctions en dehors de la
ratification du parlement de son choix et de sa déclaration de politique générale. Son
gouvernement a toujours souffert d’un flagrant déficit de légitimité du fait qu’il n’a jamais
été investi de la confiance des deux Chambres comme l’exige la Constitution.
Impact de la crise politique sur la gouvernance
Le dysfonctionnement du Parlement et le caractère illégitime du nouveau
gouvernement renforcent le vide institutionnel, rendant du même coup la situation
politique encore plus complexe. Les conditions prévues par la Constitution pour le
renouvellement des mandats ou la nomination des dirigeants des principales institutions
républicaines, deviennent tout simplement ignorées au profit d’un pouvoir personnel de
plus en plus inquiétant.
Le pouvoir judiciaire
Certaines des nominations effectuées par le Président Martelly pour nantir la Cour
de cassation, étaient entachées d’irrégularités. En tout premier lieu, le cas de Maître Arnel
Alexis Joseph, nommé président de cette cour et, par voie de conséquence, de celui du
premier président du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). Ensuite viennent
les nominations de trois autres magistrats, en dehors des procédures prévues par la
Constitution. Le Sénat qui jouit du privilège de proposer à l’exécutif la liste des personnes
retenues pour être nommées aux postes de juges de la plus haute instance judiciaire du
pays, avait publiquement dénoncé ces nominations. À cette fin, une résolution a été votée