Notre pays s’est enlisé dans une grave crise politique, sécuritaire, sociale et économique qui s’est
accélérée avec le démantèlement de toutes les institutions républicaines au cours des cinq dernières
années.
L’insécurité, sous toutes ses formes, fait rage dans les quartiers populaires de la zone métropolitaine
et dans d’autres régions du pays. La recrudescence des attaques armées contre la population civile et
les cas d’agression, d’intimidation, de violation des droits et libertés, de meurtres et d’assassinats
de simples citoyens, se multiplient à un rythme dangereux. Les principales victimes demeurent toujours
les catégories les plus vulnérables déjà exposées à la misère la plus abjecte et aux privations de toutes
sortes. Nos compatriotes, tant dans leur pays que dans ceux de la région, par des dizaines de milliers,
sont pourchassés, ruinés, violés et assassinés comme des bêtes.
Ce sombre tableau, ponctué du discours de plus en plus pernicieux traduisant la haine viscérale de
l’autre, l’absence de tout élan patriotique et de toute humanité, témoigne de la déchirure absolue de
notre tissu social et compromet tout espoir en un avenir meilleur. La confiance entre les différentes
composantes de notre société s’est effritée. Les efforts entrepris, ces dernières années, par les uns
et par les autres, pour instaurer au pays un climat de paix sociale et de stabilité politique
indispensables au progrès économique et social sont constamment menacés.
L’ancien Président Jocelerme Privert, justement préoccupé par la gravité de cette situation et de ses
conséquences sur les plans politique, économique et social, exhorte les uns et les autres à bien évaluer
la portée de leurs actions et d’arrêter les mesures idoines, pour éviter au pays de sombrer davantage
dans ce chaos qui menace le fondement de notre existence comme Nation. Il en profite pour exprimer sa
plaine solidarité avec le Peuple haïtien, victime de la terreur des gangs armés, et dans l’indifférence
totale de ceux-là mêmes qui sont pourtant chargés de le protéger.
Il réaffirme, en outre, que le rétablissement des conditions de sécurité dans le pays, l’harmonisation
des mandats des différentes catégories d’élus, à travers une urgente et opportune réforme de la
Constitution de 1987, l’amélioration des conditions de vie de la population par une administration
gouvernementale efficace et non partisane, sont indispensables pour la réussite de la transition à
travers un processus électoral crédible, transparent et démocratique.
En cette date historique de commémoration du 222ème anniversaire de création de notre bicolore, et
de l’Université, l’ancien Président Privert exhorte les uns et les autres à tourner le dos à cette
polarisation stérile qui plombent nos devoirs envers nos compatriotes. Il lance un appel solennel aux
fils et filles de la patrie commune, à se réunir autour d’une table en vue d’un dénouement heureux à
cette crise par le dialogue, la concertation et le compromis. C’est à ce seul prix que nous pourrons
tous, ensemble, nous engager dans le processus de sa transformation en un État démocratique, solidaire,
stable, prospère et compétitif.
Port-au-Prince, le 18 mai 2025
Jocelerme PRIVERT,
57e Président de la République